Rachel
WHITEREAD
Rachel
WHITEREAD
En 1991, Rachel Whiteread, avec Ghost, réalise un moulage en plâtre de l'espace intérieur d'un
salon londonien. Véritable mausolée, monument au quotidien, il révèle les
sensations de confort, de protection et la qualité du silence liées à ce
lieu. Ses sculptures font référence à
des objets mais c'est l'espace qu'ils contiennent ou qui les entoure qui
s'impose à nos yeux. Le principe classique du moulage en positif de l'objet est
remplacé par la mise en évidence d'un espace négatif. Ces formes
correspondent à des objets mais ne coïncident jamais exactement avec eux, de
la même façon que la mémoire donne toujours
des images en léger décalage avec le réel. Tous les objets (matelas,
baignoires, sols) font directement appel à la présence du corps, à la place
de l'homme dans le monde. L'absence
de l'objet, mais aussi les formes, à l'exemple de la baignoire faisant penser
à un sarcophage, évoquent le silence, l'intemporel, la mort. Les moulages de sol, comme celui de la collection du
Frac Bretagne, sont les plus proches de l'esthétique de l'Art minimal et en
particulier de l’œuvre de Carl André, aussi bien avec ses premiers
assemblages comme Equivalent, 1966,
que par la suite, les plaques jointes les unes aux autres sur le sol. Whiteread
se défend de cette interprétation formaliste
trop hâtive et les compare plus volontiers aux sols de Vito Acconci qui dans
les années soixante étaient aussi le lieu de la performance. «J'ai voulu
mouler l'endroit le plus dissimulé dans la maison, pas la cave ou le grenier.
Je voulais découvrir et représenter les intestins de la maison».1
Comme dans les autres oeuvres, cheveux, poussières sont des parties intégrantes
du moulage, et apparaissent comme les seules traces tangibles du passé. 1
: in cat. Rachel Whiteread. - Eindhoven : Van Abbemuseum , 1993
J-M.P.
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