Cette oeuvre est installée sous une allée de charmes,
dans un endroit sombre.
Faite en apparence pour durer (elle est
en bronze), elle est pourtant promise par son auteur à une évolution,
voire une destruction, du fait du passage du temps. Penone a planté, au
centre de ce personnage évidé, un arbre.
Il n'a pas survécu, mais celui qui a été replanté, lorsqu'il prendra
de la haueur et de la circonférence, absorbera le personnage
représenté. Les éléments au sol - figurant une sorte de trace
de pas - seront sans doute les seuls éléments visibles alors.
Dans les secrètes complicités entre les règnes
végétaux et animaux (donc humain aussi), l'homme n'est pas absent et une constante interrogation se prolonge sur les
conditions de son existence ou de sa survie, sur ses réalités anatomiques ou le simple regard qu'il peut porter sur son environnement.
Giuseppe Penone fait s'entrecroiser les différents règnes de la nature dans une quête des origines où l'homme se métamorphose en plante et où la plante est elle-même comme une excroissance de l'anatomie humaine.
La pièce Sentier de charme, qui rompt à Kerguéhennec le strict alignement
d'un bois planté, se présente comme une sinueuse enveloppe de bronze représentant
explicitement une silhouette humaine en marche, au sein de laquelle fut planté
un jeune arbre, un charme, dont la forme, au cours de sa croissance, ne peut que
se modifier au contact de cette contraignante et rigide "écorce".
Matière vivante, l'arbre intéresse Penone car il se transforme en se développant,
parce qu'il est « par la vitesse de sa croissance et la plasticité de sa matière (...) l’élément
fluide idéal à modeler ».
V.G.
in Panoramas, 1986-1991, la collection du Frac Bretagne
|

Giuseppe PENONE
Sentiero [Sentier], 1983
Bronze, pièce unique, 180 x 400 x 45 cm
«Le sentier suit l'homme, c'est le moment entre le passage de l'homme et l'instant où s'évanouit l'effet de son passage. Le sentier est la mémoire de la sculpture, mais le
souvenir, la tradition qui retraduit les éléments de génération en génération, la
maîtrise, sont souvent de mauvais éléments pour les muses. Bon est le sentier qui se
perd dans les broussailles, se referme d'un seul coup avec ses arbustes derrière le passant sans lui dire si c'est lui le premier à le tracer ou le dernier à
l'emprunter.»
Giuseppe Penone
|