François MORELLET Morellet : Le naufrage de Malevitch,
1987
Morellet : Le naufrage de Malevitch,
1987
L'artiste pendant l'installation de son oeuvre dans le parc.
Pose au camion-grue des trois morceaux de l'oeuvre de Morellet.
Morellet Décidé
à supprimer de l’abstraction géométrique tout investissement
personnel ou décision subjective, François Morellet tranche pour un
art systématique dès 1952. L’abandon de l’idée de composition, la
recherche d’un processus rationnel d’organisation uniforme des
oeuvres caractérisent aussi le Groupe de Recherche d’Art Visuel
auquel il participe de 1960 à 1968, afin de manifester d’autres
relations entre art, artiste et société. Programmer
la peinture relève d’un cahier des charges dont les éléments sont
contrôlables. Juxtaposition, superposition et fragmentation, associés
à l’interférence et à l’arbitraire d’une énergie mathématique,
en constituent désormais les cinq fils à plomb. L’application de ces
principes à des structures linéaires, apposées sur des surfaces ne se
trouvant pas dans le même plan, entraîne des saillies visuelles, des
battements dans l’espace absolument inattendus. L’angle en est la
figure ironique et motrice. Du
coup, le trait vascille, la paroi flanche, l’environnement bascule.
Non que la ligne déroge aux lois du projet constructif, au contraire
elle les affûte. Elle se plie même si bien à l’impertinence du
hasard qu’elle outrepasse les contraintes, ébranle le champ du
tableau, libère le mur et reconstruit un nouvel état des lieux. Un
volume invisible et mouvant se dégage dont les néons sont, dès 1963,
les indicateurs phosphorescents. L’architecture
allumée, scotchée, désintégrée par les adhésifs éphémères en
1968, les interventions linéaires de François Morellet en 1971, déclenchent
une perception physique vertigineuse. Une désorientation pleine
d’humour assoie l’observateur. L’univers est à repenser. Telle
la floraison d’un rameau poétique dans le bois mort du tableau des Geometrees
de 1983, une écharde dans la rigidité des principes des Grattures
de 1986, les lignes donnent à vivre une démonstration éblouissante de
la dynamique créatrice. Le supplément d’âme du tableau 5°-95° - médiane 90° n’a d’équivalent que la grande trace
du pendule de Foucault, oscillant sans raison apparente devant la fermeté
de la tige. M.
L. G.
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Une sculpture au néon de Morellet ( Galerie Denise René) |
François
Morellet
Encre
sur papier
21 x 29,7 cm
D.H.DR. : 1987